13 décembre 2006

La présence de médicaments dans l'eau : y a-t-il danger pour la santé publique?

Au cours des dix dernières années, on a détecté au Canada des traces de produits pharmaceutiques dans les lacs, les rivières, les ruisseaux et l'eau du robinet. On a également découvert d'autres produits chimiques provenant, notamment, des cosmétiques, des articles de toilette, des additifs et des médicaments vétérinaires. Tous ces produits chimiques sont regroupés sous l'appellation « PPSP », ce qui signifie les produits pharmaceutiques et produits de soins personnels. Les PPSP sont présents à l'état de traces, certes, mais les scientifiques et les décisionnaires s'inquiètent des répercussions néfastes qu'ils pourraient avoir sur la santé et l'environnement.

La présente fiche d'information fait le point sur ce nouvel enjeu en matière de santé et d'écologie. On y propose aussi des gestes que peuvent poser les particuliers, les gouvernements et les entreprises afin de renverser la vapeur.

D'où viennent les PPSP?

Les PPSP s'introduisent dans l'environnement de diverses façons :

  • Nous jetons les médicaments inutilisés dans la toilette ou l'évier.
  • Nous rinçons les savons, shampoings et autres produits cosmétiques dans la baignoire.
  • Notre corps rejette entre 50 et 90 % des ingrédients actifs des médicaments. Ces substances se retrouvent dans les eaux usées.
  • Des résidus médicamenteux s'échappent des cadavres et s'infiltrent dans le sol des cimetières et dans les eaux de surface.
  • Les animaux d'élevage rejettent dans les champs des médicaments vétérinaires, y compris des hormones et des antibiotiques, qui s'infiltrent dans les lacs et les cours d'eau.

« Mieux vaut prévenir... »

Nous savons depuis longtemps qu'il faut être attentif aux signes avant-coureurs de danger si nous voulons protéger notre santé et notre environnement. C'est d'ailleurs le fondement du principe de précaution , cette approche selon laquelle l'absence de preuves scientifiques ne doit pas retarder l'adoption de mesures visant à prévenir un risque de dommages graves ou irréversibles. D'ailleurs, les malformations observées chez des organismes aquatiques montrent bien que les PPSP altèrent déjà l'écosystème dont dépendent tous les êtres vivants. Il faut agir dès maintenant afin de corriger la situation actuelle et de prévenir d'autres problèmes.

La meilleure défense contre les PPSP demeure la prévention. Nous pouvons dès maintenant implanter des programmes visant, d'une part, à réduire la surutilisation et l'abus des PPSP et, d'autre part, à f avoriser l'élimination sûre des produits inutilisés. Il est bien plus écologique et économique de prendre d e telles précautions que de chercher à extraire les PPSP une fois qu'ils sont déjà présents dans l'eau. D'autres stratégies, dont l'amélioration des systèmes de filtration et la modification des produits, sont tout aussi importantes, mais exigent plus de temps et de ressources.

Les femmes et les PPSP

Les femmes entretiennent un rapport étroit avec les PPSP. En raison d'influences culturelles, ce sont souvent elles qui, dans le contexte familial, veillent à la santé des leurs et s'occupent notamment de l'achat des médicaments et des aliments, de la préparation des aliments, de l'hygiène de la famille, du soin des malades et de l'élimination des produits domestiques. Selon une étude menée auprès de Canadiens et de Canadiennes, les femmes sont plus nombreuses à jeter les médicaments non voulus dans la toilette ou le lavabo. Ce geste dénote plus leur volonté de protéger leurs enfants qu'un manque de respect à l'égard de l'environnement. La même étude révèle d'ailleurs que les femmes sont plus intéressées que les hommes à en savoir davantage sur l'élimination sécuritaire des médicaments et à prendre les mesures nécessaires, même si cela présente des inconvénients.

De nombreux médicaments sont davantage prescrits aux femmes qu'aux hommes (les antidépresseurs, par ex.); d'autres sont liés au sexe (les contraceptifs et l'hormonothérapie de substitution, par ex.). Par ailleurs, les campagnes publicitaires des sociétés pharmaceutiques ciblent également les femmes pour accroître l'utilisation des médicaments actuels (exemple : la promotion des antidépresseurs pour soigner les « troubles de l'humeur »).

Les femmes sont les principales utilisatrices des produits de soins personnels, qu'il s'agisse de parfums, de cosmétiques ou de produits capillaires. On a détecté dans l'eau potable deux des ingrédients qui entrent dans la fabrication de ces produits : le musc synthétique (présent dans les parfums) et la classe de produits chimiques nommés phthalates. Des études effectuées sur des animaux ont révélé que les phthalates sont liés à des malformations congénitales permanentes du système reproducteur mâle.

En raison des différences biologiques entre les sexes, les femmes et les hommes ne présentent pas les mêmes vulnérabilités aux produits chimiques. Pensons à la grossesse, par exemple. Une quantité infime d'un médicament pris par une femme enceinte à un moment donné du développement fœtal peut causer des malformations, le cancer et des problèmes cognitifs subtils. Et selon certains spécialistes, aucune dose d'hormones synthétiques n'est sécuritaire pour le développement de l'embryon et du fœtus.

Vos moyens d'action Réduire l'utilisation

  • Si vous utilisez des timbres contraceptifs, passez à la pilule anticonceptionnelle - un choix bien plus écologique.
  • N'achetez que des cosmétiques exempts de phthalates Demandez aux fabricants de vos cosmétiques préférés de s'engager publiquement à éliminer de leurs produits toute substance chimique pouvant causer le cancer et des anomalies congénitales et, d'ici là, à énumérer, sur les étiquettes, tous les ingrédients présents dans leurs produits.
  • Si vous consommez de la viande, pensez bio! Contrairement à la viande d'élevage industriel, le bétail et la volaille biologiques ne consomment ni hormones ni antibiotiques.
  • Éliminer en toute sécurité

  • Ne jetez jamais les médicaments inutilisés et périmés dans le lavabo, la toilette ou la poubelle.
  • Rapportez à la pharmacie les médicaments, avec ou sans ordonnance, qui sont périmés ou que vous n'avez pas utilisés. Assurez-vous qu'on les élimine de manière appropriée. Demandez à votre pharmacien et à votre médecin de sensibiliser les consommateurs à l'élimination correcte des médicaments inutilisés, tant par écrit que verbalement.


Y aurait il plus de transparence au Canada ?



1 commentaire:

Anonyme a dit…

??????????