20 décembre 2006

confidences sur l'oreillette

Autrefois taboue, elle est aujourd'hui de plus en plus sollicitée par des comédiens à la mémoire qui flanche. Et le théâtre, dans tout ça?

C’était il y a un mois. Annie Girardot, dont la maladie d'Alzheimer venait d'être révélée, disait sa détresse et son envie intacte d'exercer son métier de comédienne. Mais que faire quand la mémoire s'en va et que le désir reste? Agir comme Michel Bouquet, qui renonce à aborder de nouveaux textes pour s'en tenir à ceux qu'il connaît? Ou tenter l'expérience de l'oreillette?

Oreillette. Un petit nom charmant pour une réalité qui l'est moins. Celle de Gérard Depardieu, utilisée, en 2004, dans La Bête dans la jungle, effraya les chroniqueurs qui virent en elle le début de la fin. De fait, en lui prédisant un bel avenir, Gérard D. et son metteur en scène Jacques Lassalle ont ouvert une brèche monumentale dans le mythe de l'acteur potassant dans la solitude d'une vocation assumée. Désormais, personne ne rase plus les murs pour entrer chez le marchand d'oreillettes. Jean-Claude Dreyfus avoue s'en servir parfois; le grand Serge Merlin y a recours depuis belle lurette; Carlo Brandt a acquis la sienne il y a trois ans, pour Anatole, de Schnitzler; Alain Delon ne la dédaigne pas. La liste n'est pas close. «Même si le théâtre, plus conservateur que le cinéma, tarde un peu à s'y mettre, dit-on chez DCA, une société d'électro-acoustique, de plus en plus d'artistes viennent chez nous, à la cinquantaine.» Une réalité que Gilbert Fillinger, nouveau directeur de la maison de la culture d'Amiens, a prise en compte en faisant l'acquisition de deux prothèses.

Téléguidé, appareillé, le grand acteur est-il encore un grand acteur?

Alors, souffleur-oreillette, même combat? Pas si sûr. Si le souffleur, fonction dans laquelle s'illustra le jeune Marcel Achard, tirait sa justification de l'alternance du répertoire, imposant au comédien la mémorisation simultanée de plusieurs pièces, cette contrainte a disparu, sauf à la Comédie-Française, qui se passe pourtant de cet emploi depuis 1994. Mais l'utilisation de l'oreillette a d'autres motifs: usure de la mémoire due à l'âge ou au mode de vie; manque de temps; incapacité naturelle; paresse… «Qu'est-ce qu'on en a à foutre qu'un acteur ait une prothèse au cul ou à l'oreille? lâche poétiquement Michel Galabru, qui en utilise une de temps en temps. On lui demande juste d'être bon.»

Justement, c'est là qu'est l'os. Souvenons-nous de Depardieu: otage du texte et des indications de déplacements insufflés à l'oreille, gêné par les interférences avec les fréquences utilisées par les services de sécurité de tel ministre invité, il envoyait sa réplique avec un temps de retard, condamnant Fanny Ardant à jouer avec un automate déréglé. Et Carlo Brandt: que dire de son interprétation peu à peu contaminée par le ton de son «émetteur», qui, de soir en soir, oubliait sa neutralité? «Je comprends que des gens attachés à la voix d'un comédien d'exception veuillent l'entendre à ce prix, déclare le metteur en scène Jean-Marie Besset, cependant il est fondamental que le texte afflue sans effort au cerveau pour que celui-ci puisse en restituer les nuances et les intentions.» Téléguidé, appareillé, le grand acteur est-il encore un grand acteur? La question est posée, mais les marchands d'oreillettes n'en ont cure: les beaux jours sont devant eux.

Le juste prix

Il faut compter 3 500 euros pour une oreillette et cinq fois plus si l'acheteur choisit de la faire mouler à la mesure de son pavillon. Généralement, ces frais reviennent au comédien, qui doit également rétribuer la personne qui lui souffle le texte.

Cet article pour que Mr Anonyme sâche que même les "grands" sont victimes de problèmes de santé et ont parfois recours à de l'aide et qu'il n'y a aucune honte à reconnaître d'avoir le moral dans les chaussettes mais pas la peine de s'en prendre aux autres! Cela n'arrange en rien ses propres misères. Et faire semblant d'aller bien non plus.

Et si je vous tend la main ce n'est pas par manque de caractère ce n'est pas par pitié non plus c'est seulement mon éducation qui m'a appris le respect de l'autre avec ses qualités et ses défauts c'est de la tolérance mais il ne faut pas en abuser non plus...

1 commentaire:

Monique a dit…

Ah j'ai omis de citer la source :
l'EXPRESS Il y a aussi un article intéressant MEDECINE Les nouveaux droits des patients.