23 novembre 2006

Parce que ceux qui vous disent que le jour où il leur arrivera ceci ou cela, eux seront comme ceci ou comme cela sont peut-être de bonne foi mais ils restent des bonimenteurs. On ne sait jamais comment on encaisse les saloperies de la vie ni même la recette pour juste tenir, juste tenir, juste tenir.

Le plus difficile c'est moins d'avoir mal — parce que le mal rien ne vous l'enlève — que d'avoir peur du lendemain, du moment qui vient.
C'est la sourde peur qui vous ronge, celle de ne pas savoir faire face, la peur qui vous dicte qu'il ne faut que
juste tenir juste tenir juste tenir.
Ne pas chercher plus loin, sous aucun prétexte, se contenter de faire les choses à la queue leu leu, se persuader de juste tenir, juste tenir, juste tenir.
Et puis surtout c'est la rage qui vous prend quand tout s'écroule et qu'il faut juste tenir, juste tenir, juste tenir.
La rage qui vous dévore et qui vous fait serrer les dents, les poings et les paupières mais qui vous dicte qu'il ne faut pas penser, qu'il ne faut surtout pas s'arrêter, qu'il ne faut pas réfléchir et encore moins se souvenir. Il faut bouger, sans cesse agir pour juste tenir, juste tenir, juste tenir.
La colère m'a tenu compagnie pendant deux ans, elle m'a tordu les tripes et fait mordre les lèvres, J'ai tenu comme j'ai pu et je sais que c'est en grande partie grâce à elle. Je sais aussi combien de dégâts collatéraux il y a eu, la rage ne se partage pas, elle vous consume et vous isole. Je n'en suis pas spécialement fière mais je sais que j'ai réussi à juste tenir, juste tenir, juste tenir. Pas forcément très bien mais le plus dur est passé et c'est déjà énorme. Simplement quand parfois le soir j'appuie sur les pédales de mon vélo comme si de mon ardeur ma vie dépendait, je mesure combien elle ne m'a pas tout à fait quitté. Alors parfois je me souviens de Scarlett O'Hara en rage qui lève un poing vers le ciel et qui répète volontiers que "demain est un autre jour". Désormais je ne me dis plus qu'il faut juste tenir juste tenir juste tenir mais souvent je lève encore le poing au ciel et il n'est pas rare que je serre les dents en me disant que "demain est un autre jour".

C’est criant de vérité tout comme beaucoup de textes de cette jeune Veuve, Maman de trois enfants et orpheline de surcroît. J’aime ses textes et l’envie beaucoup pour sa qualité d’écriture qui peut être tout miel mais aussi caustique et après de telles lectures je me dis qu’il est plus facile et plus enrichissant de lire que d’être lu…

1 commentaire:

Monique a dit…

C'est souvent ce qu'il nous arrive de lire, c'est criant de vérité et si bien décrit...