24 novembre 2006

BONJOUR

Censure et vérité

On a beau se jurer du contraire, se savoir lu, change la façon dont on traite ses sujets. La routine de l'écriture, celle qu'on pratique depuis longtemps adoucit quelque peu ce penchant mais il n'en demeure qu'en certaines circonstances on a la pénible impression d'être entre le marteau et l'enclume.
J'ai parfois tant mordillé ma plume que je l'en ai maltraitée, tellement torturé mes mots que je les ai mutilés.
Jusqu'où peut-on aller dans sa soif de franchise, dans son souci d'exactitude ? Que peut-on dire, que doit-on taire quand le quotidien qu'on honnit parfois, se partage ? C'est bien joli de n'en garder que les joies mais quelles valeurs ont-elles quand on les ampute non seulement de leur doute mais également de leur laideur ?
J'ai sans doute préservé l'essentiel, celle de n'avoir rien dévoilé de ce qui n'appartenait pas qu'à moi seule. J'ai tu les doutes puis les certitudes et bientôt les dégoûts. La rançon en est aujourd'hui une joyeuse amertume, non pas celle qui vous fait regretter les billets mesquins et vengeurs mais celle qui vous a ouvert les yeux sur ce que l'on ne veut se voir imposer à aucun prix et surtout pas celui de la liberté d'être soi. Puis, en définitive, on s'aperçoit qu'il suffit de peser la souffrance ressentie à façonner ses silences pour tenir en ses mains un précieux baromètre de ce que l'on ne peut tolérer faire de sa vie. Écrire, ce n'est pas seulement se donner à lire, c'est aussi déterminer l'épicentre de ses aspirations et de ses renoncements. Et la censure ouvre parfois les yeux... jusqu'au jour où enfin on les jette en pâture ces mots ravalés avant de se réjouir de s'en défaire ainsi à tout jamais.

Voici le genre de lecture qui me "parle", car je vois que même cette personne instruite peut être mal comprise.
Respectez comme vous l'êtes.
Vous avez du constater que la moindre attaque ou méchanceté est censurée.Ne perdez plus votre temps…

Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence. Euripide Extrait de Fragments


1 commentaire:

Monique a dit…

Encore ceci :
Avoir un blog c'est donner le droit aux autres de ne pas vous souffrir. C'est plus que la règle du jeu, c'est l'expression même de la liberté d'écrire et de celle de lire et de penser.

Mais dans le respect
Je n’ai pas beaucoup de respect en effet pour ceux qui s’invitent chez vous, vomissent sur votre moquette et vous font ensuite le reproche de nettoyer leur déjections

La verve de la veuve m’impressionnera toujours.

Décidemment j'aime lire cette personne.