12 juillet 2007

Le cancer sous l'aisselle


Le mercredi 11 juillet 2007

Le cancer sous l'aisselle



Rien ne permet de conclure que les antisudorifiques ou les déodorants donnent le cancer.
Photo La Presse

Mathieu Perreault

La Presse

En 2003, Kris McGrath a jeté un pavé dans la mare des antisudorifiques. À partir de recherches sur 500 femmes atteintes du cancer du sein, l'oncologue de l'Université Northwestern a conclu que l'usage fréquent de déodorants et d'antisudorifiques était lié à une apparition précoce de la maladie.

Il n'en fallait pas plus pour jeter un doute sur un secteur en pleine croissance de l'industrie de la propreté. Le créneau était alors en pleine ébullition, grâce à l'introduction de nouveaux vaporisateurs odorants aux noms évocateurs - Tag First Move ou Axe Tsunami - assurant aux hommes des conquêtes féminines faciles.

La douche a donc été froide et pénible. «L'industrie est très susceptible», explique M. McGrath, en entrevue depuis Chicago. «Et pourtant, il me semble évident que les produits que nous utilisons près des seins doivent avoir un impact sur le cancer. Seulement 10% des cas de cancers du sein sont d'origine génétique. Le reste est d'origine environnementale. Il faut encore établir des preuves solides, mais à titre de protection, j'ai personnellement cessé d'utiliser des produits déodorants autres que naturels, et ma famille fait de même.»

Une brève inspection des articles sur le sujet, dans la banque de donnée Medline, permet de constater que les études sont loin d'être concluantes. Mais la question n'est pas arrêtée, puisqu'il en sort régulièrement.

Au Pharmaprix du boulevard Saint-Laurent, à l'angle Mont-Royal, le pharmacien Eric Van Honecker estime lui aussi que rien ne permet de conclure que les antisudorifiques ou les déodorants donnent le cancer. «Apparemment, ce n'est pas vraiment dangereux, dit M. Van Honecker. Ça bloque les glandes sudoripares des aisselles, mais il y en a beaucoup d'autres ailleurs sur le corps.»

Par contre, certains antisudorifiques peuvent être irritants. «Plus il y a une concentration élevé de sel d'aluminium, l'ingrédient qui bloque les pores, plus c'est efficace mais plus c'est irritant», dit M. Van Honecker. Dans les produits consultés durant l'entrevue, les taux allaient de 17 % à 25 %. Il existe aussi un antisudorifique pour les cas lourds, appelé Dry Sol, qu'il faut demander au pharmacien même s'il ne nécessite pas d'ordonnance, parce qu'il est très irritant.

Dans le numéro de juin de Wired, un article faisait la recension des ingrédients d'un antisudorifique Axe : le sel d'aluminium qui pousse les pores à se refermer, le cyclopentasiloxane qui répand le sel d'aluminium, le PPG-14 Butyléther qui agit comme antistatique, l'alcool stéaryle qui empêche le moussage du produit, l'huile hydrogénée qui fait fuir l'humidité extérieure, le talc pour assécher davantage, et l'antioxydant BHT qui empêche les ingrédients de se dégrader au contact de l'air.

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