20 mars 2013

Pour ne pas oublier la captivité de ces mères...


Leur plan était implacable. ­Durant les huit années de dictature argentine, de 1976 à 1983, les militaires ont arraché 500 nourrissons à leur famille. Ces enfants sont nés en captivité de mères jugées subversives, enchaînées jusque dans l'enfantement dans des centres de détention comme l'École mécanique de la marine à Buenos Aires.


Considérés comme des butins de guerre, ces bébés ont ensuite été donnés en adoption à des proches de la junte, sous une fausse identité. Les mères ont été assassinées ou portées disparues.

Depuis, des grands-mères se battent pour les retrouver. Elles s'appellent ­Sonia, Rosa, Chicha, Estela, Chela. Elles viennent de tous les horizons socioprofessionnels. Rien ne les prédisposait à se rencontrer, ni à sortir de l'anonymat. Mais le monde entier les connaît parce que, depuis trente-cinq ans, elles livrent un combat acharné contre l'appareil d'État pour trouver le moyen - et ce sera la génétique - d'identifier les enfants retrouvés.

Leur croisade et leur bravoure sont racontées dans un documentaire exceptionnel écrit et réalisé par Alexandre Valenti, et diffusé ce mardi soir sur France 5, dans le cadre de l'émission Le monde en face.

Plus d'une heure et demie douloureuse mais indispensable, gorgée d'espérance. L'auteur du film est argentin, a quitté son pays un mois après le coup d'État, et vit aujourd'hui en France. « Parmi les 30 000 disparus durant la dictature, j'avais des amis d'enfance. Cette histoire m'a accompagné toute ma vie », déclare-t-il. Le propos, magistralement mis en scène, avec des reconstitutions sur fond de bruit de bottes ou de battements de coeur, donne la voix aux aïeules, mais aussi aux enfants retrouvés : il y en a 107 à ce jour.

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